Chères Soeurs,
Merci de vos prières pendant la réunion sur la Protection des Mineurs qui s’est tenue au Vatican. Comme vous le savez, c’est une situation critique pour toute notre Eglise. Quelques pays ont déjà travaillé sur cette terrible question depuis une trentaine d’années ou plus, c’est certain, et d’autres ont seulement admis maintenant que ce problème existe aussi dans leur pays. Mais le principal doit toujours être l’accompagnement des victimes dont la vie et l’identité ont été détruites du fait de l’abus dont elles ont souffert des mains du clergé alors qu’elles pensaient pouvoir leur faire confiance.
Vous pouvez lire et écouter la présentation en ligne aussi je ne vais pas répéter ce qui a été dit. Je partagerai plutôt ce que cette expérience a été pour moi et d’autres durant ces quatre jours passés.
La rencontre s’est ouverte le jeudi matin 21 février avec l’écoute par les 192 personnes présentes du témoignage par video cassette de 5 victimes d’abus sexuels encore vivantes. Leur honnêteté et leur souffrance nous parvenaient très clairement. Nous avons également écouté 3 courageuses victimes qui sont venues nous parler en personne certains jours pendant nos trente minutes de prière quotidienne de clôture. Ces huit personnes ont demandé que l’Eglise change sa manière d’accueillir les victimes, de les écouter et de cheminer avec elles. D’autres nous ont dit que celui qui avait abusé d’elles les avait volées à leur Eglise, à leur home et à leurs relations avec Dieu. Ecouter ces victimes survivantes a été à la fois une expérience de grâce mais aussi éprouvante. Nous ne connaîtrons jamais réellement la profondeur de leur souffrance, mais en ayant entendu et vu un aperçu, nous ne serons jamais plus les mêmes. C’était spécialement important pour ces évêques qui n’avaient pas pris le temps de sentir la souffrance des victimes survivantes ou n’avait pas encore eu un cas à écouter. Ces expériences, les présentations et les groupes de discussion est ce qui nous l’espérons aidera certains évêques à agir plus rapidement et d’une façon responsable.
Oui, ces évêques qui n’ont pas retiré des prêtres de leur ministère ou les ont couverts d’excuses sont coupables mais d’autres prêtres, soeurs ou laïques qui ont vu ou supposé quelque chose de mal et ne l’ont pas signalé à l’Eglise ou aux autorités civiles sont aussi coupables. Nous devons tous être prompts à réagir en signalant ce que nous avons vu ou voyons et être une présence fidèle à l’écoute des victimes d’abus du clergé.
J’ai aussi été touchée par la préoccupation exprimée par quelques cardinaux, pour la santé émotionnelle et mentale des évêques qui ont à faire avec ces cas et le blâme qu’on leur adresse même s’ils n’étaient peut-être pas l’évêque à l’époque des faits. La souffrance de quelques-uns de ces évêques est loin d’être du même niveau que celle des victimes encore en vie, mais c’est un des aspects de cette crise qui n’est pas souvent mentionné. Nous avons aussi recommandé qu’il y ait davantage de ressources et de formation pour les évêques qui doivent être préparés à agir avec responsabilité dans toutes ces matières.
Je vous encourage toutes, si vous ne l’avez pas encore fait, à lire les présentations faites durant ces trois jours et les réflexions du Pape François à l’ouverture de l’assemblée et à la messe de clôture. Ensemble puissions-nous être vigilantes nous-mêmes ainsi que les évêques, nous tenant comme responsables en suivant de manière opportune les directives avec compassion et justice.
S’il vous plait, priez chaque jour pour les victimes encore vivantes et pour leurs familles.
Avec affection,
Soeur Sally
